lundi, avril 05, 2004

Pour ou contre l'entrée de la publicité comme source de financement des écoles ?

Je trouve que la publicité n’est pas compatible avec les objectifs pédagogiques de l’école. L’éducation a comme objectif de rendre autonome et libre.
Selon Laurent Laplante (2000) « la publicité, subtile ou pas, agressante ou non, aura toujours comme finalité d’imposer ses choix et donc de limiter la liberté. Une école censément vouée à l’apprentissage de la liberté et de l’autonomie se tire dans le pied quand elle accueille sous sont toit des forces qui affectionnent l’embrigadement et la consommation plus que l’indépendance et l’esprit critique. »

Aussi, il est intéressant de se demander quel sera le pouvoir des grandes entreprises sur l’école lorsqu’elles seront bien installées dans nos salles de classes. Parce qu’il y a une réelle intrusion des grandes entreprises dans nos écoles. En effet, depuis octobre 1999 (d’après la Loi sur l’instruction publique), on restreint la participation des grandes entreprises à l’appui financier ou matérielle à l’école sans tentation à l’achat des produits de la compagnie. Il y a lieu de se demander si les enseignants et les parents ont été soigneusement informés pour permettre certaines campagnes plutôt comprometteuses.

Par exemple, que penser du programme Des étiquettes pour l’éducation lancée par Campbell Canada où les enfants de certaines écoles inscrites devaient rapporter des étiquettes provenant des conserves de soupes ou des boîtes de certains craquelins ou de certaines boissons en échange de « l’équipement éducatif et sportif de valeur ». Il est évident que l’entourage des enfants se retrouvaient donc à acheter Campbell pour permettre à leur enfant d’apprendre avec de l’équipement, on suppose, de qualité. Ici, on est plutôt en présence d’une campagne qui va à l’encontre de la Loi sur l’instruction publique. Et la présence des grandes entreprises comme financement à l’école ne serait pas en train de former des inégalités monétaires et matérielles entre les écoles qui acceptent cette intrusion du privé entre leurs murs et celles qui la refusent. Et d’autant plus qu’avec cette intrusion, on a certes la possibilité de posséder du nouveau matériel pédagogique presque tous les ans mais d’un autre côté, ne perd-on pas un des buts primordiaux de l’école, soit celui de former des citoyens critiques et consciencieux.

Il est certain que les supports qu’offrent les grandes entreprises sont alléchants, d’autant plus que l’État, avec ses coupures et son aide parfois restreinte, incite à se tourner vers le privé. Mais, cette intrusion du privé au public est pour moi dangereuse d’autant plus que malgré la Loi sur l’instruction publique qui est formulée en matière de publicité, on se retrouve avec des problèmes « à la Campbell ». Il est temps que l’État réinvestisse dans les écoles car, on se dirige, d’après moi, dans une pente drôlement glacée et dangereuse.

Étiquettes pour l'éducation