Déclin de la lecture au QuébecArticleAujourd'hui,
l'éditorial du Devoir rappelle les conclusions d'une enquête sur le déclin de la lecture au Québec. Chez les jeunes, et moins jeunes aussi. Je ne connais pas toutes les données, mais à voir le comportement dans mon entourage et chez les jeunes (dont le mien) ainsi que chez ceux et celles à qui j'enseigne, les motifs du déclin de la lecture sont divers et complexes.
L'engouement pour les ouvrages de Tolkien ou pour les romans de Harry Potter sont-ils des événements passagers et de mode?
Une hypothèse que je ne peux vérifier que chez ceux et celles qui sont proches : l'école brise le goût de la lecture dès le 2e cycle du primaire. Ajouter à cela, l'exemple à la maison, la présence de la télé, l'importance des ordinateurs et de la toile, des jeux de toutes sortes, l'accessibilité des vidéos et DVD, la vague cinéma maison; dès le secondaire le "consumérisme", d'où la nécessité d'un revenu, d'où la nécessité de travailler au cours du cycle scolaire. Ajouter la dévalorisation de la vie intellectuelle, ainsi que de la lecture dans la vie sociale (exemples : comment on présente les livres dans les journaux; à la radio, à la télévision; comment se présentent les journaux).
Comment on enseigne le français ou l'anglais : développer le goût de la lecture; présenter les livres par le manuel. Mais il y a plus. Pour lire, il faut du temps. Du loisir. Un désir de rêver, ou de s'informer, ou d'apprendre, ou de penser. Plus encore, une vie intérieure. Alors, là, toute une exploration à faire.
D'autre part, on peut lire en écoutant: pourquoi ne pas rendre plus accessibles les livres lus par des comédiens et comédiennes (format CD ou DVD)? Certains films remplacent très bien une lecture. Certaines productions télévisuelles aussi. Que dire des conteurs, des troubadours des oeuvres, du théâtre d'été et itinérant. Donc, il faudrait interpréter les résultats de l'enquête dans un contexte plus large. Développer des politiques qui favorisent tout cela.
De plus, pourquoi n'améliorons-nous pas les bibliothèques scolaires? (A Chicago, la bibliothèque de l'Université avait des aires salon; je ne sais quand elle a été construite - sûrement avant 1965 - mais je me souviens qu'on y passait des heures à lire; toute une atmosphère! ) Par exemple, inscrire à l'horaire dans les écoles un "repos de rêve" à la bibliothèque. Encourager les cafés-librairies; Il y en avait un à Ottawa où on présentait aussi des musiciens (tous les types de musique). Détaxer le livre et les revues, c'est un impératif. Pourquoi ne pas prendre des marches santé avec baladeur en écoutant un livre, une pièce de théâtre.
Et de grâce, modifier l'enseignement de la littérature, de la philo, de l'histoire (abolir tous les manuels pendant 10 ans! Passer par les oeuvres) Une hypothèse: améliorer substantiellement l'accès (je ne dis pas l'enseignement) à la musique et aux arts et vous favorisez l'entrée dans les univers des livres. Que l'on cesse d'utiliser des examens de vérification de la mémoire; il y a bien d'autres moyens de rendre les éléves conscients de leur "marche" dans les mondes des savoirs, des arts et des techniques. Ah! C'est toute l'école qui est à repenser.
Encore aujourd'hui, des écoles laides, minables, mal outillées, non "ergonomiques" à l'Université. Renversant : des pièces rectangulaires souvent mal éclairées, mauvaise circulation d'air, sans fenêtres; des chaises d'un incomfort; des cours à des centaines de personnes; certains enseignants qui ne savent rien de la communication devant un groupe (mauvaise élocution; ne savent même pas respirer; règles élémentaires de communication absentes).
On a des techniques poussées pour opiumiser les masses et on demeure incapable de mettre ces techniques à la portée de ceux et celles qui se consacrent à éveiller le désir de savoir et d'apprendre. faire une révolution pour l'accès au rêve, à la pensée, à la création, aux idées, aux imaginaires !
"Ce désamour grandissant de la lecture laisse évidemment des traces. Ainsi, en 25 ans, on est passé de 24 à 45 % des Québécois qui ouvrent moins de dix livres par année. À l'inverse, si, en 1979, 47 % des Québécois s'étaient régalés de plus de 20 livres en un an, le Québec ne compte plus que 28 % de grands lecteurs en 2004 ! "
(Le Devoir, 18 nov., Mme Boileau)